Les développeurs de Sleep Bot surpris par le succès du crowdfunding

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Comment financer son projet d’application ? C’est la question à 10 000 dollars qui hante les nuits de la plupart des développeurs Android indépendants. Avec déjà plus de 150 000 applications disponibles sur le Market, il devient de plus en plus compliqué de convaincre les investisseurs du potentiel de son idée. La concurrence est rude et de grosses machines de guerre spécialisées dans le mobile pointent le bout de leur nez. Les développeurs de Sleep Bot Tracker, une appli qui vous aide à réguler votre (manque de) sommeil, ont testé avec succès une solution alternative : se faire financer par les internautes (ou crowdfunding). Interview avec la responsable du design de l’appli.

Edison Wang (programmeur de l’appli Sleep Bot Tracker) et Jane Zhu (responsable du design).

Les Applications Android : Comment vous est venue l’idée de Sleep Bot ?
Jane Zhu (responsable du design de Sleep Bot Tracker) : L’année dernière. On blaguait pour savoir comment calculer notre manque de sommeil en restant éveillé toutes les nuits. Il faut savoir que moi et Edison Wang (programmeur de l’appli), nous sommes justement devenus amis parce que nous étions souvent les seuls encore debout à 4 ou 5 heures du matin. L’idée est partie de là. Nous avons commencé le développement en juin en considérant un temps de sommeil de base de 8 heures. On s’est lancé sans aucune expérience et en partant de zéro niveau développement Android. La première version était prête en juillet et nous avons réussi à nous faire financer via Ulule [NDLR : Un site de micro-financement français lancé officiellement en octobre dernier].

LAA : Pourquoi Ulule ?
Jane Zhu : Nous savions que nous avions besoin de ressources pour notre projet. Notamment parce que nous voulions la mettre en ligne gratuitement. Après avoir passé en revue de nombreux sites de crowdfunding, nous sommes tombés sur Ulule. Avant même que le site soit mis en ligne en version bêta. Nous avons adoré le concept et la simplicité d’utilisation du site. On a posté notre projet, même si on savait qu’Ulule était assez jeune, avec un réseau limité et basé en Europe.

LAA : Pensiez-vous que ça marcherait aussi bien ?
Jane Zhu : Nous n’avions pas du tout anticipé un tel succès, notamment auprès des donateurs étrangers. Mais c’est en grande partie grâce aux efforts d’Edison. Les 3500 dollars collectés ont permis de financer la programmation, le téléphone sur lequel nous avons développé et testé l’application et le serveur pour notre site web mysleepbot.com qui permet à chacun d’utiliser l’application où il le souhaite.

LAA : Quatre mois après son lancement, où en est l’application ?
Jane Zhu : Nous avons dépassé il y a peu les 80 000 téléchargements. Rien que sur le premier mois, nous en étions déjà à 10 000 téléchargements. L’application est toujours dans les « Top Free » du Market et la moyenne des votes donnés par plus de 1200 utilisateurs est de 4,56 sur 5.

LAA : Avec le nombre croissant d’applications disponibles sur le Market, est-ce plus difficile de trouver des financements ?
Jane Zhu : C’est certain. C’est de plus en plus dur. La plupart des développeurs font ça pour gagner leur vie. Ils créent donc des applications qui permettent de générer des revenus. Mais pour des applications comme la notre, qui est entièrement gratuite, je ne sais pas combien de développeurs auraient passé autant de temps et dépensé autant d’argent sans trouver de compensation financière.

LAA : Le micro-financement dans les nouvelles technologies, vous y croyez ?
Jane Zhu : Je pense qu’il devient réellement difficile de financer des projets individuels, en particulier pour les développeurs. Dans l’industrie des nouvelles technologies, la compétition est dure et il est difficile de toucher un large public. En dehors du crowdfunding, je ne sais vraiment pas ce que nous aurions pu faire à part utiliser notre propre argent. Ce que nous faisons encore en cas de besoin.  Je n’ai pas entendu parler de beaucoup de développeurs de logiciels qui ont utilisé le crowdfunding pour se financer, en dehors de quelques succès sur des projets liés aux nouvelles technologies sur Kickstarter.

[NDLR : De fait, encore très peu d’applications sont en cours de financement par ce biais, y compris sur Ulule].